Lorsque je suis rentrée en Haïti après mes études en économie aux Etats-Unis, ma grande ambition était d’apprendre de mon pays, d’être à l’écoute des gens, de comprendre les éléments du contexte, de saisir les mécanismes liés à son état de fragilité économique et politique, et surtout de mettre mes connaissances académiques à l’épreuve de la réalité. Deux jours après mon arrivée, lors d’une rencontre fortuite à l’une des banques étrangères basées en Haïti, j’étais embauchée avec comme perspective de gravir vite les échelons hiérarchiques de l’institution. J’étais jeune, encore dans la vingtaine, réalisais que je savais peu de choses du fonctionnement des institutions, mais avide d’en savoir plus chaque jour. Ce fut ma première expérience de travail dans mon pays, mais certainement pas la dernière. Celui que je pourrais considérer comme mon mentor lors de cette première expérience de travail fut mon père. Chef d’entreprise honnête et sérieux c’est lui qui m’indiquait les faux pas à ne pas faire, la complexité du milieu d’affaires, les rouages inextricables de l’administration publique, et ses conseils m’ont aidée tout au long de ma carrière. C’est également lui qui m’a présentée à un de ses amis, économiste de renom, qui m’a guidée lorsque, après une expérience dans l’administration publique, j’ai été embauchée pour faire partie de l’équipe de départ de la première société haïtienne de développement économique et social. Son expérience, son entregent, ses connaissances protéiformes des gens et de leurs pratiques m’ont été d’une grande utilité et ont guidé mes choix dans ce nouveau poste, mais aussi dans ceux qui lui ont succédé. Son mentorat m’a aussi éclairé sur l’importance de toujours mettre en œuvre quel que soit le lieu d’exercice de mes compétences, les valeurs de respect de l’autre, d’intégrité, de probité intellectuelle.